Pollution - Déchêts
Recyclage et réemploi : les nouveaux défis de la société de consommation ?
Au cours des trente dernières années, lélévation globale du niveau de vie a entraîné un doublement des achats de biens manufacturés par les ménages, doù la problématique dun volume de déchets croissant. Pour faire face à cette situation, le recyclage et le réemploi (1) savèrent être de véritables enjeux pour assurer lavenir dune société de surconsommation. Sous limpulsion de la croissance démographique et du développement de la consommation unitaire, les quantités de biens consommés par les ménages ont augmenté. Daprès le Commissariat général au développement durable de lIfen (2), « Les volumes dachats ont doublé depuis 1977, ceux de biens manufacturés (hors produits alimentaires et services) ont progressé de 1,7 % par an de 1990 à 2000, de 4 % par an entre 2000 et 2007 avant de se stabiliser en 2008. Dans cet ensemble, les achats déquipements électriques ont été multipliés pratiquement par six en 18 ans ». Outre lépuisement des ressources naturelles, ce mode de consommation entraîne également une dépendance accrue vis-à-vis de létranger. De fait, une part croissante de la consommation des ménages en biens manufacturés repose sur la mobilisation de ressources à létranger. Entre 1990 et 2006, les importations en produits finis ont progressé de 66 à 102 millions de tonnes (Mt), soit de 23 à 28 % du tonnage total des importations.
Toutefois, les consommateurs semblent prendre de plus en plus conscience de lintérêt doffrir une seconde vie aux objets, soit par la vente doccasion, soit par le réemploi après remise en état, soit par le don à une tierce personne. En témoigne le succès croissant des biens doccasion et des produits revendus par des filières spécialisées.
Dans les faits, si la réparation des biens (hors véhicules) est une pratique en baisse depuis les années 1990, les dépenses consacrées à la réparation des biens audiovisuels sont en remontée régulière depuis 2000. Le principal frein à la réparation reste le coût attractif des nouveaux appareils, souvent moindre que la réparation même.
Largument financier semble dailleurs être le leitmotiv par excellence. Daprès le bureau détudes Xerfi, la principale motivation dachats de produits doccasion est dordre financier. Sajoutant aux réseaux dachat ou de dépôt-vente, brocantes et éditeurs de petites annonces, le boom des sites dachat-vente sur Internet, à limage de E-Bay, a favorisé le commerce doccasion en simplifiant laccès au public et aux échanges.
Mais dautres concepts ont fait leur apparition. Cest le cas des « ressourceries », qui collectent les objets dont veulent se débarrasser leurs propriétaires pour confectionner un nouveau produit afin de le revendre, le prix modéré de revente assurant la rémunération des personnes ayant uvré à la revalorisation du produit. Créé en 2000, le réseau des ressourceries est passé de 9 organismes à 50 en 2009.
Parallèlement, issues de directives européennes appliquées au droit français, des filières spécialisées voient le jour avec pour vocations la collecte sélective et la revalorisation de certains types de déchets. Réunissant Emmaüs, Le Relais et Tissons la solidarité, linter réseau « la fibre solidaire » est le principal organisme à agir pour le traitement des textiles usagés. En 2008, il a collecté environ 110 000 tonnes. Sur lensemble de la collecte, 40 % des tonnages sont revendus, dont une grande partie en direction de létranger, principalement lAfrique. Daprès le Commissariat général au développement durable, « Malgré dimportantes difficultés du fait de la baisse de qualité des textiles usagés, la filière créée en 2009 devrait soutenir lactivité ».
Secteur naissant et prometteur, la revalorisation des biens usagés présente un réel potentiel dans un contexte de raréfaction des ressources et de crise économique. En 2006, sur 446 Mt de déchets produits, 265 millions ont été recyclés, soit 60 %. Parmi les 83 Mt de déchets générés par la production de biens manufacturés, 28 millions dentre eux sont recyclés. Il sagit principalement des métaux, du papier carton et du verre. A lheure actuelle, la transition dune économie « linéaire » à une économie plus « circulaire » simpose donc comme une nouvelle alternative.
1- A distinguer du recyclage, on parle de réemploi lorsque des produits ou leurs composants sont utilisés à nouveau pour un usage identique à leur usage initial.
2- Institut français de lenvironnement.
ACTUALITE
Les emballages plastique de retour chez Tropicana
Le 16 juin dernier, les pays du G20 ont conclu, après deux jours de réunion au Japon, un accord sur la réduction des déchets plastique. Rien de contraignant pour l’instant, mais un premier pas vers une réglementation future plus stricte qui empêchera notre planète d’étouffer sous la pollution plastique. Faut-il le rappeler, sur les quasi 500 millions de tonnes de plastique produites chaque année, huit millions sont déversées chaque année dans les océans, et environ un tiers finit dans la nature. Une ballade en forêt ou un regard attentif posé sur les abords des autoroutes françaises achèveront de vous convaincre de la réalité et de l’urgence de cette situation.
Au moment-même où tous ces pays annonçaient un accord, une entreprise prenait la direction opposée, puisque Tropicana annonçait fièrement renoncer aux briques en carton pour ses jus de fruits, pour les remplacer par des bouteilles en plastique. Evidemment, la réaction des consommateurs ne s’est pas faite attendre bien longtemps : de nombreux appels au boycott de la marque ont vu le jour, et la marque, propriété de la multinationale PepsiCo, se fait étriller sur les réseaux sociaux.
Mais qu’est-il passé dans la tête des décideurs de Tropicana pour prendre une telle décision en 2019 et en faire la publicité comme s’il s’agissait d’annoncer la mise en rayons de nouvelles recettes de jus de fruits ? A priori, « les consommateurs veulent de la transparence. Ils veulent voir le produit et la couleur est un critère important de choix et d’attractivité », d’après un cadre de PepsiCo. Sauf qu’on l’a vu, les consommateurs s’expriment en masse contre les nouvelles bouteilles en plastique.
Au moins la marque aurait-elle pu avancer la relative complexité à recycler les emballages en carton alimentaire : composés aux 3/4 de carton, à 5% d’aluminium et à 20% de polyéthylène (pour assurer l’étanchéité des packagings), ils nécessitent un procédé de recyclage aussi efficace que complexe. Le recyclage du plastique PET dont sont faites les bouteilles étant, lui, bien plus répandu. Malgré cela pourtant, quand 26% des briques alimentaires sont recyclées à l’échelle de la planète, 9% du plastique seulement connaît le même sort.
Ultime scandale : l’ONG FoodWatch a observé les nouveaux packagings et a constaté non seulement une baisse de la contenance (désormais 900 mL contre 1L auparavant), mais aussi une hausse de 38% du prix du produit ! Les innombrables réactions au choix de Tropicana n’ont pour l’instant provoqué aucune réponse de la marque, qui devrait donc logiquement poursuivre son objectif de convertir, d’ici à quelques mois, ses emballages carton en bouteilles plastique.
A moins qu’une mobilisation d’envergure…
Photo : MartinBrigden/Flickr/CC
ACTUALITE
Le taux de CO2 intègre la météo britannique
Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.
Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :
« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »
En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.
Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?
ACTUALITE
C’est la semaine des alternatives aux pesticides
A chaque jour sa journée mondiale de quelque chose, et à chaque semaine, sa semaine de quelque chose. Le 13 janvier par exemple, nous célébrons la journée sans pantalon. Le 6 mai prochain, c’est le coloriage qui sera à l’honneur. Parfois, l’environnement peut être mis en avant. Ainsi, lundi 18 mars dernier, c’était la journée mondiale du recyclage. Et mercredi 20, la journée internationale sans viande. Hier marquait aussi le lancement de la semaine pour les alternatives aux pesticides, qui a cette année la biodiversité pour thème.
Et c’est peu dire qu’en France, cette semaine est plus que nécessaire. Car selon les chiffres officiels, notre pays consommerait pour son usage agricole plus de 72 000 tonnes de produits phytosanitaires par an, soit 3,7 kilos par hectare cultivé, ce qui nous place au deuxième rang européen. Champagne ? Pas vraiment non, car ces usages massifs d’engrais et de pesticides ont des conséquences dramatiques. Non seulement ils pénètrent les sols et empoisonnent les nappes phréatiques, mais ils contribuent largement à l’éradication de nombreuses espèces végétales et animales, au premier rang desquelles les abeilles.
Pourtant, des alternatives à ces produits issus de la chimie agricole existent. Certaines espèces végétales peuvent vivre en symbiose : planter de l’arachide et du maïs sur une même parcelle éloignera par exemple les parasites de la céréale ; un lâcher de coccinelles viendra efficacement à bout d’une invasion de pucerons dont elles raffolent, etc…
La fin de la dépendance à ces substances qui rendent richissimes les actionnaires de Bayer-Monsanto s’annonce cependant : la demande en produits bio ne cesse de croître en France, notre pays a enregistré en 2018 un record de conversions d’agriculteurs du conventionnel en biologique, et d’ici 2022 les surfaces agricoles traitées en bio devraient avoir doublées dans l’Hexagone.
D’ici là, et jusqu’au 30 mars (oui, nous sommes au courant, cette « semaine » dure 10 jours), vous pouvez toujours vous renseigner près de chez vous sur les multiples alternatives qu’il existe dès aujourd’hui aux pesticides : des centaines d’événements (de la balade à la conférence, en passant par des expositions ou des projections de films) sont déjà répertoriés partout sur le territoire, vous en trouverez forcément un près de chez vous en suivant ce lien…
Photo : CGPGrey/Flickr/CC