Climat
Poznan : dernière ligne droite pour un accord international pour le climat
Le 1er décembre marquait louverture des négociations internationales sur le climat, organisées à Poznan en Pologne et devant se clore le 12 décembre prochain. Placée sous légide des Nations Unies, cette conférence marque la dernière étape majeure avant la tenue du rassemblement prévu en décembre 2009 à Copenhague. Vivement attendu, celui-ci doit servir de cadre à ladoption du 3e accord international sur le climat devant sappliquer après 2012, date déchéance du protocole de Kyoto signé en 1997. Cette volonté de donner suite au protocole de Kyoto fait écho au 4e rapport alarmant publié par les scientifiques du GIEC fin 2007, apportant les preuves scientifiques de la réalité et de lactualité des changements climatiques.
Sinscrivant dans la droite ligne de la Convention climat de Rio et de Kyoto, la Conférence de Poznan doit répondre à 3 enjeux. Dune part, un programme de travail doit être arrêté afin de guider les négociations prévues dici 2009. Dautre part, les discussions doivent conduire à une « vision partagée » de la coopération mondiale de la lutte contre les changements climatiques, intégrant des objectifs concrets pour 2020 et 2050. Il sagit ici de mettre un terme aux désaccords récurrents, nés des intérêts propres à chacun, qui desservent une collaboration mondiale. Le 3e point clé se concentre sur un examen exhaustif des améliorations à apporter au protocole de Kyoto.
Plus précisément, les négociations en cours devront se concentrer en premier lieu sur latténuation des changements climatiques. Lune des thématiques principales de ce volet est la réduction des émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés de 1992 et des « économies en transition », ayant accepté des objectifs de réduction de leurs émissions sur la période 2008-2012 basés sur leurs niveaux de 1990. Consacré à la problématique de la forêt, le second levier comprend plusieurs angles dattaque dont la lutte contre la déforestation et la dégradation forestière, faisant déjà lobjet de vives polémiques.
Parallèlement, constatant que certains changements climatiques sont déjà amorcés (réchauffement climatique, élévation du niveau des mers, nombre accru de cyclones tropicaux
), une politique dadaptation est à létude, notamment via un soutien financier destiné aux pays en voie de développement. Le Fonds pour lEnvironnement Mondial (FEM) et le transfert des technologies des pays du Nord vers les pays du Sud comptent parmi les moyens daction envisagés.
Pour mener à bien ce vaste programme, 2 groupes de travail ont été constitués. Créé lors de Bali, le premier permet aux Etats-Unis de participer à ses travaux bien que nayant pas ratifié Kyoto. Lancé en 2005, le second groupe tente de donner forme aux engagements post 2012 en étudiant des points à la fois techniques et politiques comme la comptabilisation des émissions forestières. Illustrant le bras de fer engagé entre létat américain et les pays dits en transition, chacun accusant lautre davoir une plus grande part de responsabilité dans les dérèglements climatiques, les Américains ne prendront part aux travaux du second groupe quen tant que spectateurs. Ladministration Bush continuant de représenter le pays, le présent sommet ne devrait pas marquer de grand changement dans la position américaine. Toutefois, des personnalités proches du président élu Barack Obama, tel le sénateur John Kerry, sont attendus en qualité dobservateurs.
Il est à espérer que des mesures effectives ressortent de cette rencontre alors que les émissions mondiales de gaz à effet de serre, loin de prendre le chemin de Kyoto en respectant lobjectif de réduction de 5 % dici 2012, ne cessent de croître.
ACTUALITE
Le drapeau du réchauffement climatique
A chaque vague de froid hivernal, les climatosceptiques sont de sortie : le pare-brise de leur voiture est recouvert de givre, ce qui serait donc la preuve irréfutable que le réchauffement climatique est une invention destinée à servir les intérêts d’on ne sait quelle organisation mondiale secrète. Bref, « on » nous ment.
Evidemment, ces personnes font en réalité une confusion entre la météo et le climat. La météo s’apprécie à un instant t, dans un endroit donné. Il y a tout juste un mois par exemple, la Corse connaissait un épisode neigeux surprenant. Un phénomène étonnant, certes, mais qui ne traduit pas pour autant un refroidissement de la planète. Ici, nous parlons de météo. En revanche, lorsque durant tout le XXe siècle, les relevés de température partout sur la planète augmentent de 0,6°C, on peut parler d’une tendance au réchauffement climatique global, malgré des épisodes ponctuels météorologiques comme celui vécu par les Corses il y a quelques semaines.
Comment illustrer ce phénomène simplement, le plus simplement possible, pour pouvoir facilement l’expliquer aux plus sceptiques d’entre nous ? Ed Hawkins, climatologue et professeur de science du climat à l’Université de Reading au Royaume-Uni, a imaginé une méthode de modélisation ludique du changement global : la création, pour chaque pays, d’un drapeau de son réchauffement.
Le réchauffement mondial illustré
Le chercheur s’est appuyé sur une base de données mondiale qui compile tous les relevés de température effectués partout sur la Terre depuis 1901. Lors du XXe siècle, il a calculé la moyenne des températures pour chaque région du globe puis, pour chaque année (et en fonction de la moyenne précédemment établie), il a attribué une couleur : du bleu très clair (conforme à la moyenne du XXe siècle) au rouge très foncé (qui traduit une hausse marquée par rapport à cette même moyenne). Chaque année est alors représentée par une bande, bandes qui sont accolées les unes aux autres pour créer le « drapeau du réchauffement » de chaque zone du globe, qui sont tous consultables sur https://showyourstripes.info/
Le drapeau du réchauffement en France
Le résultat est accablant. Quel que soit le pays ou la région du monde que l’on sélectionne, le résultat est similaire : bleuté à gauche et rouge vif à droite, traduisant une sévère agitation de tous les thermomètres du monde, et prouvant par-là même le réchauffement climatique.
Plus simple, c’est impossible : Donald T., si tu nous lis…
ACTUALITE
Le taux de CO2 intègre la météo britannique
Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.
Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :
« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »
En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.
Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?
ACTUALITE
Game of Thrones : Réchauffement climatique is coming
Cette nuit, Game of Thrones, la série phénomène, a repris après deux ans d’absence pour présenter son ultime saison. Sept épisodes que plus d’un milliard de personnes (si l’on en croit les chiffres qui concernent les visionnaires illégaux sur internet à chaque épisode) vont s’empresser de dévorer et de commenter pour enfin obtenir une réponse à cette question qui les taraude depuis 2011 et la diffusion du premier épisode de la série : Qui finira donc par prendre place sur le Trône de fer pour gouverner les Sept royaumes ?
Sans attendre la diffusion, des dizaines de théories ont été développées par des fans plus ou moins sérieux et, parmi celles-ci, une semble avoir retenu l’attention du Gouvernement. Cette théorie voudrait que la série soit en fait une métaphore de notre réalité et de notre attitude vis à vis des dangers environnementaux qui pèsent sur nous, au premier rang desquels le réchauffement climatique. « Winter is coming » (ou « l’Hiver arrive »), la plus célèbre réplique de la série, qui annonce l’arrivée imminente d’une intense période glaciaire accompagnée d’innombrables malheurs pour nos personnages préférés, préviendrait en fait contre le réchauffement climatique. Et la lutte de pouvoir des maisons Stark, Targaryen, Lannister pour accéder au mythique Trône de fer plutôt que de se préoccuper de la menace approchant, les Marcheurs Blancs, serait une parabole de la propension de nos dirigeants à ne pas voir plus loin que le bout de leur nez et à favoriser des intérêts particuliers paraissant bien ridicules face aux enjeux globaux qui s’annoncent.
Brune Poirson, ministre de la Transition écologique et solidaire, et ses équipes semblent avoir bien intégré cette théorie, au point que la ministre propose depuis hier, veille de reprise de la série, et alors que l’excitation médiatique est au summum, une vidéo inspirée de Game of Thrones, et mettant en garde contre le réchauffement climatique. Sur des images de la série, la responsable politique pose sa voix : « Une grande menace pèse sur l’humanité. Certains en doutent, on peut le regretter. Même si les hivers peuvent paraître un peu plus rigoureux, un peu plus froids à certains endroits, il y en a d’autres où ce n’est pas le cas. Nous devons nous battre, nous battre pour endiguer cette menace qui monte et nous unir tous pour lutter contre le vrai mal, le seul qui doit unir l’humanité : le réchauffement climatique ». Et en guise de conclusion, l’accroche « Le réchauffement climatique is coming », écrit dans la police propre au show américain.
Succès garanti sur les réseaux sociaux. Et dans les comportements quotidiens futurs ?
Photo : Compte Twitter de Brune Poirson