Connecte-toi avec nous

Pollution - Déchêts

La France va dépolluer «la baie poubelle» de Dakar

Publié

au

Au Sénégal, il y a 25 ans, la baie de Hann était considérée comme une des plus belles plages d’Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, elle est un des plus désolants sinistres écologiques de notre époque, véritable dépotoir nauséabond, où rejets industriels et effluents domestiques sont déversés sans aucun traitement. Ce lundi, l’Agence française de développement (AFD) et la Banque Européenne d’Investissement (BEI) ont signé une convention de prêt à hauteur de 50 millions d’euros pour aider le Sénégal à dépolluer la baie. Il était temps.

Rougeâtre, verdâtre, noirâtre, on ne sait plus vraiment comment définir la couleur de l’eau qui miroite le long des dizaines de kilomètres de la baie de Hann. « Baie poubelle », « rio merdos », les surnoms dont les Sénégalais affublent le site n’en finissent pas de dénoncer, non sans un certain humour, une situation totalement inacceptable. 55 000 personnes vivent dans la baie et sont exposées depuis des années à des concentrations en polluants largement au-dessus des normes admises. Arsenic, acide phosphorique, ammoniac, hydrocarbures, sang des abattoirs, matières fécales, déchets hospitaliers, bactéries en tout genre, la liste des ingrédients est vertigineuse. Deux sources de pollution en sont responsables. Vient en premier, un des plus grands complexes industriels du Sénégal, qui rejette tous ses effluents dans la baie. Ce complexe regroupe, d’après l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS), 71 unités industrielles, et, d’après la presse locale, 259 unités, tous secteurs confondus. S’y ajoutent ensuite les eaux usées domestiques qui s’écoulent directement sans aucun traitement.

Suite à la mobilisation des associations de riverains, le gouvernement sénégalais a commencé à considérer le problème et organisait, en février 2002, un Conseil interministériel pour la réhabilitation de la baie de Hann. En 2006, 500 millions de Francs CFA (1) étaient alloués pour le déblaiement mécanique, l’enlèvement des couches superficielles des déchets, et l’extraction des déchets enfouis. Des mesures de traitement des conséquences de la pollution jugées très insuffisantes tant que la pollution n’était pas jugulée à sa source. C’est grâce au prêt accordé cette semaine par la France et l’Union Européenne que l’on espère enfin une opération de dépollution industrielle de plus grande ampleur. Un canal devrait être créé pour collecter les rejets industriels et domestiques et les conduire vers une station d’épuration. Une fois traités, les effluents seront rejetés dans le fond de l’océan, à trois kilomètres de la côte. Les travaux devraient débuter en 2010. Ce projet s’accompagne de l’introduction au Sénégal du principe « pollueur-payeur », puisque les industriels, soumis à un nouveau système de tarification, devraient prendre en charge une partie du coût de l’assainissement.

Elisabeth Leciak
1- Le Franc CFA est la monnaie officielle d’une quinzaine de pays africains. Créé en 1939, il n’a cessé d’être dévalué par rapport au Franc et, aujourd’hui, à l’Euro (1 € = 655,957 F CFA).
Continuer la lecture

ACTUALITE

Les emballages plastique de retour chez Tropicana

Publié

au

Le 16 juin dernier, les pays du G20 ont conclu, après deux jours de réunion au Japon, un accord sur la réduction des déchets plastique. Rien de contraignant pour l’instant, mais un premier pas vers une réglementation future plus stricte qui empêchera notre planète d’étouffer sous la pollution plastique. Faut-il le rappeler, sur les quasi 500 millions de tonnes de plastique produites chaque année, huit millions sont déversées chaque année dans les océans, et environ un tiers finit dans la nature. Une ballade en forêt ou un regard attentif posé sur les abords des autoroutes françaises achèveront de vous convaincre de la réalité et de l’urgence de cette situation.

Au moment-même où tous ces pays annonçaient un accord, une entreprise prenait la direction opposée, puisque Tropicana annonçait fièrement renoncer aux briques en carton pour ses jus de fruits, pour les remplacer par des bouteilles en plastique. Evidemment, la réaction des consommateurs ne s’est pas faite attendre bien longtemps : de nombreux appels au boycott de la marque ont vu le jour, et la marque, propriété de la multinationale PepsiCo, se fait étriller sur les réseaux sociaux.

tropicana-univers-nature

Mais qu’est-il passé dans la tête des décideurs de Tropicana pour prendre une telle décision en 2019 et en faire la publicité comme s’il s’agissait d’annoncer la mise en rayons de nouvelles recettes de jus de fruits ? A priori, « les consommateurs veulent de la transparence. Ils veulent voir le produit et la couleur est un critère important de choix et d’attractivité », d’après un cadre de PepsiCo. Sauf qu’on l’a vu, les consommateurs s’expriment en masse contre les nouvelles bouteilles en plastique.

Au moins la marque aurait-elle pu avancer la relative complexité à recycler les emballages en carton alimentaire : composés aux 3/4 de carton, à 5% d’aluminium et à 20% de polyéthylène (pour assurer l’étanchéité des packagings), ils nécessitent un procédé de recyclage aussi efficace que complexe. Le recyclage du plastique PET dont sont faites les bouteilles étant, lui, bien plus répandu. Malgré cela pourtant, quand 26% des briques alimentaires sont recyclées à l’échelle de la planète, 9% du plastique seulement connaît le même sort.

Ultime scandale : l’ONG FoodWatch a observé les nouveaux packagings et a constaté non seulement une baisse de la contenance (désormais 900 mL contre 1L auparavant), mais aussi une hausse de 38% du prix du produit ! Les innombrables réactions au choix de Tropicana n’ont pour l’instant provoqué aucune réponse de la marque, qui devrait donc logiquement poursuivre son objectif de convertir, d’ici à quelques mois, ses emballages carton en bouteilles plastique.

A moins qu’une mobilisation d’envergure…

Photo : MartinBrigden/Flickr/CC

Continuer la lecture

ACTUALITE

Le taux de CO2 intègre la météo britannique

Publié

au

Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.

guardian-carbone-450

Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :

« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »

En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.

Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?

Continuer la lecture

ACTUALITE

C’est la semaine des alternatives aux pesticides

Publié

au

A chaque jour sa journée mondiale de quelque chose, et à chaque semaine, sa semaine de quelque chose. Le 13 janvier par exemple, nous célébrons la journée sans pantalon. Le 6 mai prochain, c’est le coloriage qui sera à l’honneur. Parfois, l’environnement peut être mis en avant. Ainsi, lundi 18 mars dernier, c’était la journée mondiale du recyclage. Et mercredi 20, la journée internationale sans viande. Hier marquait aussi le lancement de la semaine pour les alternatives aux pesticides, qui a cette année la biodiversité pour thème.

Et c’est peu dire qu’en France, cette semaine est plus que nécessaire. Car selon les chiffres officiels, notre pays consommerait pour son usage agricole plus de 72 000 tonnes de produits phytosanitaires par an, soit 3,7 kilos par hectare cultivé, ce qui nous place au deuxième rang européen. Champagne ? Pas vraiment non, car ces usages massifs d’engrais et de pesticides ont des conséquences dramatiques. Non seulement ils pénètrent les sols et empoisonnent les nappes phréatiques, mais ils contribuent largement à l’éradication de nombreuses espèces végétales et animales, au premier rang desquelles les abeilles.

Pourtant, des alternatives à ces produits issus de la chimie agricole existent. Certaines espèces végétales peuvent vivre en symbiose : planter de l’arachide et du maïs sur une même parcelle éloignera par exemple les parasites de la céréale ; un lâcher de coccinelles viendra efficacement à bout d’une invasion de pucerons dont elles raffolent, etc…

pesticides warning

La fin de la dépendance à ces substances qui rendent richissimes les actionnaires de Bayer-Monsanto s’annonce cependant : la demande en produits bio ne cesse de croître en France, notre pays a enregistré en 2018 un record de conversions d’agriculteurs du conventionnel en biologique, et d’ici 2022 les surfaces agricoles traitées en bio devraient avoir doublées dans l’Hexagone.

D’ici là, et jusqu’au 30 mars (oui, nous sommes au courant, cette « semaine » dure 10 jours), vous pouvez toujours vous renseigner près de chez vous sur les multiples alternatives qu’il existe dès aujourd’hui aux pesticides : des centaines d’événements (de la balade à la conférence, en passant par des expositions ou des projections de films) sont déjà répertoriés partout sur le territoire, vous en trouverez forcément un près de chez vous en suivant ce lien

Photo : CGPGrey/Flickr/CC

Continuer la lecture

Tendance