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Pollution - Déchêts

Green IT : tout changer sans rien changer ?

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Deux ans après le Grenelle, la semaine du Développement Durable est plus que jamais placée sous le signe de l’environnement. C’est déjà un résultat satisfaisant. Quelques années en arrière, le critère environnemental était totalement négligé, aujourd’hui, chacun a découvert sa « vérité qui dérange » et cherche à justifier son activité par rapport aux conséquences qu’il provoque sur l’environnement.

Le domaine des télécommunications a très récemment découvert qu’il n’était pas aussi « dématérialisé » qu’il le pensait. Il consomme des quantités importantes d’énergie, entre 7 et 13,5% de la consommation électrique française, quand même ! Il exploite des ressources rares : il est à l’origine de 30 % de la demande mondiale d’argent, 12 % de l’or, 30 % du cuivre, et jusqu’à 80 % du ruthenium ou de l’indium selon Umicore (2007), l’un des leaders mondiaux des matériaux. Certaines filières, comme le coltane, ont été pointées du doigt comme alimentant les guerres en Afrique (RDC). Enfin les TIC (1) utilisent des produits toxiques, par elles-mêmes (retardateurs de flamme bromés, phtalates ou béryllium) ou au cours de leur fabrication.

La pression des associations écologistes n’est pas étrangère à cette prise de conscience. Greenpeace par exemple a publié dès 2005 un rapport qui pointe du doigt les problèmes du secteur. L’association entretient depuis près de trois ans un classement actualisé qui permet de juger de la « vertitude » des constructeurs. Mais les associations n’ont pas l’exclusivité du sujet. Après des décennies de frilosité sur le sujet (rappelons que le premier sommet se tint en 1972 à Stockholm…), la France, avec le Grenelle, s’est enfin autorisée à parler ouvertement d’écologie. Et surtout la réglementation s’est chargée de pousser les constructeurs à agir.

Les annonces séduisantes se sont multipliées. L’association Green Grid cherche à promouvoir des datacenters « verts ». Google veut refroidir ses fermes avec de l’énergie de la mer ou les implanter dans des zones plus froides. Orange collabore avec WWF pour évaluer la qualité environnementale des terminaux distribués. Nokia vient de sortir un téléphone mobile « vert », nommé « Evolve », aussitôt suivi par Samsung. Un terme a même été officiellement agréé : les EcoTIC, ou « Green IT » (2) en anglais.

Mais ces initiatives ne sont pas indemnes de « greenwashing », c’est-à-dire d’annonces superficielles non suivies d’effet. British Télécom, par exemple, a annoncé une réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de 80%… en oubliant de préciser que le plus gros serait réalisé par une manipulation administrative conduisant l’entité « BT » à se séparer des activités les plus polluantes. Greenpeace a récemment réalisé un joli coup médiatique en démontrant, preuve à l’appui, que les produits TIC prétendument démantelés se retrouvaient en réalité déposés dans des décharges sauvages… au Nigéria !

Il faut en effet comprendre que le « Green IT » est avant tout une préoccupation sectorielle, dont l’un des buts est de rassurer le consommateur – et non de l’impliquer ou de lui faire changer ses habitudes, ce qui risquerait de porter atteinte à la santé resplendissante des marchés TIC et l’image positive des produits. La seule chose qui lui est demandée est de trier ses déchets…Cette demande est tellement timide que le pictogramme sensé la matérialiser (une poubelle barrée) se retrouve souvent niché au sein de dizaines d’autres, voire dans des endroits inaccessibles (derrière les batteries) !

Le citoyen se retrouve alors pris entre des exigences totalement contradictoires voire impraticables de la part des différentes institutions, chacune dans leur secteur. La consommation « verte » devient un véritable champ de bataille puisqu’il s’agit de protéger la planète tout en ne dérangeant pas les lobbies, les différents services de l’Etat, voire même les priorités des ONG… Comment se faire entendre !?

Ceci nous permet de rappeler que le développement durable est en réalité un enjeu bien plus large que la « consommation verte » qui se présente comme sa solution. Le développement durable, ce n’est pas de faire la même chose en plus vert mais de faire autre chose : voilà ce qui semble assez difficile à comprendre. Autrement dit optimiser les processus existants, tendre au zéro gaspillage etc. ne suffira pas voire même sera contre-productif car cela conduira à éviter de poser les bonnes questions – celle de l’obsolescence accélérée engendrée par la pression publicitaire, des inégalités sociales qui conditionnent l’accès à tel ou tel service, notamment « verts » etc. Le développement durable c’est bien plus que cela : c’est de répondre à l’interrogation légitime quant à l’avenir, en particulier de la part des plus vulnérables. Le processus en cours, de nature gestionnaire, doit donc prendre un tour plus politique. Ce dont nous avons besoin, c’est d’utopie, et non de savoir trier les déchets !

Fabrice Flipo
Maître de conférences en philosophie à Télécom Ecole de Management


– 1 TIC = Technologies de l’Information et de la Communication

– 2 IT = Information Technology

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Les emballages plastique de retour chez Tropicana

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Le 16 juin dernier, les pays du G20 ont conclu, après deux jours de réunion au Japon, un accord sur la réduction des déchets plastique. Rien de contraignant pour l’instant, mais un premier pas vers une réglementation future plus stricte qui empêchera notre planète d’étouffer sous la pollution plastique. Faut-il le rappeler, sur les quasi 500 millions de tonnes de plastique produites chaque année, huit millions sont déversées chaque année dans les océans, et environ un tiers finit dans la nature. Une ballade en forêt ou un regard attentif posé sur les abords des autoroutes françaises achèveront de vous convaincre de la réalité et de l’urgence de cette situation.

Au moment-même où tous ces pays annonçaient un accord, une entreprise prenait la direction opposée, puisque Tropicana annonçait fièrement renoncer aux briques en carton pour ses jus de fruits, pour les remplacer par des bouteilles en plastique. Evidemment, la réaction des consommateurs ne s’est pas faite attendre bien longtemps : de nombreux appels au boycott de la marque ont vu le jour, et la marque, propriété de la multinationale PepsiCo, se fait étriller sur les réseaux sociaux.

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Mais qu’est-il passé dans la tête des décideurs de Tropicana pour prendre une telle décision en 2019 et en faire la publicité comme s’il s’agissait d’annoncer la mise en rayons de nouvelles recettes de jus de fruits ? A priori, « les consommateurs veulent de la transparence. Ils veulent voir le produit et la couleur est un critère important de choix et d’attractivité », d’après un cadre de PepsiCo. Sauf qu’on l’a vu, les consommateurs s’expriment en masse contre les nouvelles bouteilles en plastique.

Au moins la marque aurait-elle pu avancer la relative complexité à recycler les emballages en carton alimentaire : composés aux 3/4 de carton, à 5% d’aluminium et à 20% de polyéthylène (pour assurer l’étanchéité des packagings), ils nécessitent un procédé de recyclage aussi efficace que complexe. Le recyclage du plastique PET dont sont faites les bouteilles étant, lui, bien plus répandu. Malgré cela pourtant, quand 26% des briques alimentaires sont recyclées à l’échelle de la planète, 9% du plastique seulement connaît le même sort.

Ultime scandale : l’ONG FoodWatch a observé les nouveaux packagings et a constaté non seulement une baisse de la contenance (désormais 900 mL contre 1L auparavant), mais aussi une hausse de 38% du prix du produit ! Les innombrables réactions au choix de Tropicana n’ont pour l’instant provoqué aucune réponse de la marque, qui devrait donc logiquement poursuivre son objectif de convertir, d’ici à quelques mois, ses emballages carton en bouteilles plastique.

A moins qu’une mobilisation d’envergure…

Photo : MartinBrigden/Flickr/CC

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Le taux de CO2 intègre la météo britannique

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Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.

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Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :

« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »

En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.

Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?

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C’est la semaine des alternatives aux pesticides

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A chaque jour sa journée mondiale de quelque chose, et à chaque semaine, sa semaine de quelque chose. Le 13 janvier par exemple, nous célébrons la journée sans pantalon. Le 6 mai prochain, c’est le coloriage qui sera à l’honneur. Parfois, l’environnement peut être mis en avant. Ainsi, lundi 18 mars dernier, c’était la journée mondiale du recyclage. Et mercredi 20, la journée internationale sans viande. Hier marquait aussi le lancement de la semaine pour les alternatives aux pesticides, qui a cette année la biodiversité pour thème.

Et c’est peu dire qu’en France, cette semaine est plus que nécessaire. Car selon les chiffres officiels, notre pays consommerait pour son usage agricole plus de 72 000 tonnes de produits phytosanitaires par an, soit 3,7 kilos par hectare cultivé, ce qui nous place au deuxième rang européen. Champagne ? Pas vraiment non, car ces usages massifs d’engrais et de pesticides ont des conséquences dramatiques. Non seulement ils pénètrent les sols et empoisonnent les nappes phréatiques, mais ils contribuent largement à l’éradication de nombreuses espèces végétales et animales, au premier rang desquelles les abeilles.

Pourtant, des alternatives à ces produits issus de la chimie agricole existent. Certaines espèces végétales peuvent vivre en symbiose : planter de l’arachide et du maïs sur une même parcelle éloignera par exemple les parasites de la céréale ; un lâcher de coccinelles viendra efficacement à bout d’une invasion de pucerons dont elles raffolent, etc…

pesticides warning

La fin de la dépendance à ces substances qui rendent richissimes les actionnaires de Bayer-Monsanto s’annonce cependant : la demande en produits bio ne cesse de croître en France, notre pays a enregistré en 2018 un record de conversions d’agriculteurs du conventionnel en biologique, et d’ici 2022 les surfaces agricoles traitées en bio devraient avoir doublées dans l’Hexagone.

D’ici là, et jusqu’au 30 mars (oui, nous sommes au courant, cette « semaine » dure 10 jours), vous pouvez toujours vous renseigner près de chez vous sur les multiples alternatives qu’il existe dès aujourd’hui aux pesticides : des centaines d’événements (de la balade à la conférence, en passant par des expositions ou des projections de films) sont déjà répertoriés partout sur le territoire, vous en trouverez forcément un près de chez vous en suivant ce lien

Photo : CGPGrey/Flickr/CC

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