Pollution - Déchêts
De plus en plus de navires bons pour la casse mais mauvais pour lenvironnement
Conséquence directe de la crise économique qui sévit actuellement dans le commerce maritime, le secteur de démantèlement des navires semble, quant à lui, avoir encore de beaux jours devant lui. Cest du moins ce qui ressort du dernier bulletin dinformation n° 16, réalisé par lassociation de protection de lenvironnement Robin des Bois. En effet, alors que plus de 700 navires étaient immobilisés en mai au large de Singapour en attente dutilisation, lassociation fait état de 190 navires partis à la démolition entre le 4 avril et le 26 juin 2009, confortant un rythme presque aussi soutenu que celui observé lors du précédent bulletin. On enregistre ainsi une moyenne de 16 navires par semaine envoyés à la casse contre 21 pour lédition antérieure. En tout, depuis le début de lannée, 462 bâtiments sont sortis de flotte, soit léquivalent de 3,8 millions de tonnes de métaux. La seule démolition cumulée des 190 navires destinés à la démolition représente le recyclage de plus de 1,6 million de tonnes de métaux.
Lâge de fin de vie des navires partis en démolition entre le 4 avril et le 26 juin de cette année se situe entre 15 et 51 ans, lâge moyen tournant autour de 29 ans contre 32 ans en 2008. Du point de vue des dimensions des bâtiments concernés, 37 ont une longueur inférieure à 150 mètres, 107 mesurent entre 150 et 199 mètres, et 46 entre 200 et 324 mètres.
Pourtant, si les navires affluent vers les chantiers de démantèlement, cela ne signifie pas pour autant que le secteur est bien portant. En effet, selon Robin des Bois, les prix dachat à la tonne dans les chantiers implantés notamment au Bangladesh sont en baisse régulière, égalant désormais ceux pratiqués par les chantiers chinois, seuls à avoir enregistré une hausse. Les tarifs, ainsi que lincertitude pesant sur les autorisations de démantèlement, ont généré de nombreuses renégociations quant au choix final du site daccueil. Ainsi, nombre de navires annoncés comme vendus au Bangladesh dans le bulletin n° 15 de Robin des Bois ont finalement été redirigés vers lInde, la Chine ou le Pakistan. De même, des navires initialement destinés aux chantiers indiens ont finalement été accueillis par le Pakistan, lequel semble opérer son grand retour dans le secteur du démantèlement. Leader du marché depuis plusieurs années, le Bangladesh, lui, se voit recalé à la quatrième place, derrière la Chine.
En outre, laffluence de navires destinés à la démolition vers ces grands chantiers, majoritairement implantés en Asie en raison dune grande disponibilité spatiale et dune main duvre bon marché, naugure rien de bon pour la préservation de lenvironnement. Comme le souligne lassociation, la politique du Bangladesh quant aux pratiques en cours dans ses chantiers de démolition na pas été « éclaircie ». Parallèlement, du fait de la crise ambiante, les inquiétudes liées au marché pétrolier et la spéculation incitent à la constitution de stocks dhydrocarbures, notamment sur les stockages flottants quoffrent les bâtiments décrétés impropres à la circulation maritime.
Concernant les navires envoyés en démolition entre le 4 avril et le 26 juin 2009, 114 ont fait lobjet dune détention préalable dans les ports mondiaux. Sur les 190 bateaux destinés à la casse, 81 étaient sous pavillon européen ou avaient des armateurs de lUnion européenne ou de lAELE (Association Européenne de Libre Echange). Or, aucun de ces navires partis en démolition sur des chantiers asiatiques na bénéficié dune dépollution préalable.
En écho à ce constat peu reluisant, le président français, Nicolas Zarkozy, sest engagé, à lissue des discussions menées autour du Grenelle de la Mer, à la création dune filière nationale de démantèlement des navires. Il a, en outre, plébiscité une action politique, à léchelle européenne, puis mondiale, en faveur dun durcissement des normes de démantèlement. Maillon incontournable de la chaîne de démantèlement des navires, lEurope doit effectivement prendre ses responsabilités si elle souhaite rénover ce secteur.
ACTUALITE
Les emballages plastique de retour chez Tropicana
Le 16 juin dernier, les pays du G20 ont conclu, après deux jours de réunion au Japon, un accord sur la réduction des déchets plastique. Rien de contraignant pour l’instant, mais un premier pas vers une réglementation future plus stricte qui empêchera notre planète d’étouffer sous la pollution plastique. Faut-il le rappeler, sur les quasi 500 millions de tonnes de plastique produites chaque année, huit millions sont déversées chaque année dans les océans, et environ un tiers finit dans la nature. Une ballade en forêt ou un regard attentif posé sur les abords des autoroutes françaises achèveront de vous convaincre de la réalité et de l’urgence de cette situation.
Au moment-même où tous ces pays annonçaient un accord, une entreprise prenait la direction opposée, puisque Tropicana annonçait fièrement renoncer aux briques en carton pour ses jus de fruits, pour les remplacer par des bouteilles en plastique. Evidemment, la réaction des consommateurs ne s’est pas faite attendre bien longtemps : de nombreux appels au boycott de la marque ont vu le jour, et la marque, propriété de la multinationale PepsiCo, se fait étriller sur les réseaux sociaux.
Mais qu’est-il passé dans la tête des décideurs de Tropicana pour prendre une telle décision en 2019 et en faire la publicité comme s’il s’agissait d’annoncer la mise en rayons de nouvelles recettes de jus de fruits ? A priori, « les consommateurs veulent de la transparence. Ils veulent voir le produit et la couleur est un critère important de choix et d’attractivité », d’après un cadre de PepsiCo. Sauf qu’on l’a vu, les consommateurs s’expriment en masse contre les nouvelles bouteilles en plastique.
Au moins la marque aurait-elle pu avancer la relative complexité à recycler les emballages en carton alimentaire : composés aux 3/4 de carton, à 5% d’aluminium et à 20% de polyéthylène (pour assurer l’étanchéité des packagings), ils nécessitent un procédé de recyclage aussi efficace que complexe. Le recyclage du plastique PET dont sont faites les bouteilles étant, lui, bien plus répandu. Malgré cela pourtant, quand 26% des briques alimentaires sont recyclées à l’échelle de la planète, 9% du plastique seulement connaît le même sort.
Ultime scandale : l’ONG FoodWatch a observé les nouveaux packagings et a constaté non seulement une baisse de la contenance (désormais 900 mL contre 1L auparavant), mais aussi une hausse de 38% du prix du produit ! Les innombrables réactions au choix de Tropicana n’ont pour l’instant provoqué aucune réponse de la marque, qui devrait donc logiquement poursuivre son objectif de convertir, d’ici à quelques mois, ses emballages carton en bouteilles plastique.
A moins qu’une mobilisation d’envergure…
Photo : MartinBrigden/Flickr/CC
ACTUALITE
Le taux de CO2 intègre la météo britannique
Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.
Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :
« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »
En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.
Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?
ACTUALITE
C’est la semaine des alternatives aux pesticides
A chaque jour sa journée mondiale de quelque chose, et à chaque semaine, sa semaine de quelque chose. Le 13 janvier par exemple, nous célébrons la journée sans pantalon. Le 6 mai prochain, c’est le coloriage qui sera à l’honneur. Parfois, l’environnement peut être mis en avant. Ainsi, lundi 18 mars dernier, c’était la journée mondiale du recyclage. Et mercredi 20, la journée internationale sans viande. Hier marquait aussi le lancement de la semaine pour les alternatives aux pesticides, qui a cette année la biodiversité pour thème.
Et c’est peu dire qu’en France, cette semaine est plus que nécessaire. Car selon les chiffres officiels, notre pays consommerait pour son usage agricole plus de 72 000 tonnes de produits phytosanitaires par an, soit 3,7 kilos par hectare cultivé, ce qui nous place au deuxième rang européen. Champagne ? Pas vraiment non, car ces usages massifs d’engrais et de pesticides ont des conséquences dramatiques. Non seulement ils pénètrent les sols et empoisonnent les nappes phréatiques, mais ils contribuent largement à l’éradication de nombreuses espèces végétales et animales, au premier rang desquelles les abeilles.
Pourtant, des alternatives à ces produits issus de la chimie agricole existent. Certaines espèces végétales peuvent vivre en symbiose : planter de l’arachide et du maïs sur une même parcelle éloignera par exemple les parasites de la céréale ; un lâcher de coccinelles viendra efficacement à bout d’une invasion de pucerons dont elles raffolent, etc…
La fin de la dépendance à ces substances qui rendent richissimes les actionnaires de Bayer-Monsanto s’annonce cependant : la demande en produits bio ne cesse de croître en France, notre pays a enregistré en 2018 un record de conversions d’agriculteurs du conventionnel en biologique, et d’ici 2022 les surfaces agricoles traitées en bio devraient avoir doublées dans l’Hexagone.
D’ici là, et jusqu’au 30 mars (oui, nous sommes au courant, cette « semaine » dure 10 jours), vous pouvez toujours vous renseigner près de chez vous sur les multiples alternatives qu’il existe dès aujourd’hui aux pesticides : des centaines d’événements (de la balade à la conférence, en passant par des expositions ou des projections de films) sont déjà répertoriés partout sur le territoire, vous en trouverez forcément un près de chez vous en suivant ce lien…
Photo : CGPGrey/Flickr/CC