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Pollution - Déchêts

Coulée de boue toxique en Hongrie : le Danube menacé

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Lundi, la rupture d’une digue entourant un bassin de rétention de millions de tonnes de substances toxiques, issues du traitement des déchets d’exploitation d’un site de production d’alumine, est à l’origine de la ‘pire catastrophe écologique’ hongroise selon le secrétaire d’Etat à l’environnement, Zoltan Illès.

La rupture de la digue du bassin de cet important site minier, situé à Ajka à environ 160 kilomètres à l’Ouest de Budapest en Hongrie, aurait conduit à la dispersion d’environ 1,1 million de mètres cubes de boue rouge toxique dans sept villages voisins. Or, outre leur couleur, ces boues se distinguent par leur composition (soude caustique,  fer, alumine, silicium, sodium, calcium, titane, manganèse, vanadium, chrome hexavalent, plomb et cadmium) qui aboutit à un mélange hautement toxique. Si le dernier bilan recense quatre morts, trois personnes disparues, 123 blessés, dont 61 hospitalisées, la boue est omniprésente, que cela soit dans les champs, les maisons ou la rivière locale, la Torna.

Que cela soit pour les riverains de la catastrophe ou la faune sauvage ou domestique, le danger immédiat tient essentiellement aux risques de brûlures causées par un contact avec la boue toxique. A moyen terme, le danger devrait venir du séchage de ces boues, source de poussières inhalables, puis, plus sournois, à plus long terme, le risque tiendra en une contamination des chaînes alimentaires et de la ressource en eau par les métaux lourds.

Alors que la pollution pourrait atteindre le Danube d’ici la fin de la semaine, plusieurs centaines de personnes s’activent pour nettoyer les rues et les maisons à grands renforts de jets d’eau sous pression. Simultanément, des tonnes de plâtre sont déversées dans la rivière Marcal, dans laquelle se jette la Torna, afin de réduire la toxicité de la boue. L’enjeu de ce ‘nettoyage’ est énorme, les eaux de cette rivière alimentent le lit de la Raab, qui est un affluent direct du Danube. Au-delà des dégâts déjà constatés, la contamination de ce fleuve est un scénario ‘catastrophe’ considéré comme probable par Zoltan Illès, avec des conséquences écologiques potentiellement énormes, et l’exportation de la catastrophe dans les pays que traverse le Danube (Croatie, Serbie, Roumanie, Bulgarie, Ukraine et Moldavie) avant de se jeter dans la mer Noire.

Si officiellement les causes de l’accident restent à déterminer, selon le secrétaire d’Etat à l’environnement, l’usine pourrait avoir entreposé trop de boue rouge dans son réservoir.

Ce type d’accident n’est pas une première. En Europe, après plusieurs accidents au cours de la dernière décennie du XXe siècle (Suède, Espagne, Grèce, etc.) les catastrophes d’Aznalcollar en Espagne (1998) et de Baia Mare en Roumanie (2000) on aboutit à une directive européenne visant à encadrer la gestion des déchets de l’industrie minière pour un renforcement global de la sécurité. Néanmoins, le risque zéro n’existe pas et l’application de cette législation demeure encore très perfectible.

Au niveau international, la plupart des sites miniers étant dans des zones reculées, loin des habitations, la gestion de ces boues est souvent traitée avec une grande désinvolture par les exploitants, à savoir un rejet quasiment sans traitement dans l’environnement. Ainsi, Payal Sampat, directeur de l’ONG américaine Earthworks, rappelle que l’industrie minière et l’ensemble de son réseau de sous-traitants constituent le secteur d’activité le plus polluant des Etats-Unis selon l’agence de protection de l’environnement US (EPA – Environmental Protection Agency), l’équivalent de notre ministère de l’écologie.

Pascal Farcy
1- L’alumine, extraite du minerai de bauxite par une réaction chimique, sert à la production d’aluminium.
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Les emballages plastique de retour chez Tropicana

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Le 16 juin dernier, les pays du G20 ont conclu, après deux jours de réunion au Japon, un accord sur la réduction des déchets plastique. Rien de contraignant pour l’instant, mais un premier pas vers une réglementation future plus stricte qui empêchera notre planète d’étouffer sous la pollution plastique. Faut-il le rappeler, sur les quasi 500 millions de tonnes de plastique produites chaque année, huit millions sont déversées chaque année dans les océans, et environ un tiers finit dans la nature. Une ballade en forêt ou un regard attentif posé sur les abords des autoroutes françaises achèveront de vous convaincre de la réalité et de l’urgence de cette situation.

Au moment-même où tous ces pays annonçaient un accord, une entreprise prenait la direction opposée, puisque Tropicana annonçait fièrement renoncer aux briques en carton pour ses jus de fruits, pour les remplacer par des bouteilles en plastique. Evidemment, la réaction des consommateurs ne s’est pas faite attendre bien longtemps : de nombreux appels au boycott de la marque ont vu le jour, et la marque, propriété de la multinationale PepsiCo, se fait étriller sur les réseaux sociaux.

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Mais qu’est-il passé dans la tête des décideurs de Tropicana pour prendre une telle décision en 2019 et en faire la publicité comme s’il s’agissait d’annoncer la mise en rayons de nouvelles recettes de jus de fruits ? A priori, « les consommateurs veulent de la transparence. Ils veulent voir le produit et la couleur est un critère important de choix et d’attractivité », d’après un cadre de PepsiCo. Sauf qu’on l’a vu, les consommateurs s’expriment en masse contre les nouvelles bouteilles en plastique.

Au moins la marque aurait-elle pu avancer la relative complexité à recycler les emballages en carton alimentaire : composés aux 3/4 de carton, à 5% d’aluminium et à 20% de polyéthylène (pour assurer l’étanchéité des packagings), ils nécessitent un procédé de recyclage aussi efficace que complexe. Le recyclage du plastique PET dont sont faites les bouteilles étant, lui, bien plus répandu. Malgré cela pourtant, quand 26% des briques alimentaires sont recyclées à l’échelle de la planète, 9% du plastique seulement connaît le même sort.

Ultime scandale : l’ONG FoodWatch a observé les nouveaux packagings et a constaté non seulement une baisse de la contenance (désormais 900 mL contre 1L auparavant), mais aussi une hausse de 38% du prix du produit ! Les innombrables réactions au choix de Tropicana n’ont pour l’instant provoqué aucune réponse de la marque, qui devrait donc logiquement poursuivre son objectif de convertir, d’ici à quelques mois, ses emballages carton en bouteilles plastique.

A moins qu’une mobilisation d’envergure…

Photo : MartinBrigden/Flickr/CC

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Le taux de CO2 intègre la météo britannique

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Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.

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Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :

« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »

En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.

Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?

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C’est la semaine des alternatives aux pesticides

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A chaque jour sa journée mondiale de quelque chose, et à chaque semaine, sa semaine de quelque chose. Le 13 janvier par exemple, nous célébrons la journée sans pantalon. Le 6 mai prochain, c’est le coloriage qui sera à l’honneur. Parfois, l’environnement peut être mis en avant. Ainsi, lundi 18 mars dernier, c’était la journée mondiale du recyclage. Et mercredi 20, la journée internationale sans viande. Hier marquait aussi le lancement de la semaine pour les alternatives aux pesticides, qui a cette année la biodiversité pour thème.

Et c’est peu dire qu’en France, cette semaine est plus que nécessaire. Car selon les chiffres officiels, notre pays consommerait pour son usage agricole plus de 72 000 tonnes de produits phytosanitaires par an, soit 3,7 kilos par hectare cultivé, ce qui nous place au deuxième rang européen. Champagne ? Pas vraiment non, car ces usages massifs d’engrais et de pesticides ont des conséquences dramatiques. Non seulement ils pénètrent les sols et empoisonnent les nappes phréatiques, mais ils contribuent largement à l’éradication de nombreuses espèces végétales et animales, au premier rang desquelles les abeilles.

Pourtant, des alternatives à ces produits issus de la chimie agricole existent. Certaines espèces végétales peuvent vivre en symbiose : planter de l’arachide et du maïs sur une même parcelle éloignera par exemple les parasites de la céréale ; un lâcher de coccinelles viendra efficacement à bout d’une invasion de pucerons dont elles raffolent, etc…

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La fin de la dépendance à ces substances qui rendent richissimes les actionnaires de Bayer-Monsanto s’annonce cependant : la demande en produits bio ne cesse de croître en France, notre pays a enregistré en 2018 un record de conversions d’agriculteurs du conventionnel en biologique, et d’ici 2022 les surfaces agricoles traitées en bio devraient avoir doublées dans l’Hexagone.

D’ici là, et jusqu’au 30 mars (oui, nous sommes au courant, cette « semaine » dure 10 jours), vous pouvez toujours vous renseigner près de chez vous sur les multiples alternatives qu’il existe dès aujourd’hui aux pesticides : des centaines d’événements (de la balade à la conférence, en passant par des expositions ou des projections de films) sont déjà répertoriés partout sur le territoire, vous en trouverez forcément un près de chez vous en suivant ce lien

Photo : CGPGrey/Flickr/CC

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