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Pollution - Déchêts

Bhopal : 25 ans après, le verdict de la honte

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Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, se produisit à Bhopal, capitale du Madhya Pradesh, Etat situé au centre de l’Inde, ce qui reste encore aujourd’hui dans les esprits comme la plus grande catastrophe industrielle de l’histoire. Cette nuit-là, un nuage de gaz mortel s’échappa de l’usine américaine de pesticides Union Carbide, au Nord de Bhopal, suite à une fuite de 54 tonnes d’isocyanate de méthyle et d’autres produits réactifs. D’après un rapport d’Amnesty International, près d’un demi-million de personnes y furent exposées. Entre 7 000 et 10 000 y succombèrent sur le coup ou dans les jours qui suivirent, et 15 000 autres moururent au cours des 20 années qui suivirent. Impliquant bon nombre de pères de famille, ces victimes laissèrent de multiples familles dans le dénuement le plus total. La survenue récurrente de problèmes de santé graves et handicapants, voire invalidants, conduisirent des milliers de personnes à perdre leur travail sans autre moyen de subsistance.

Quatre ans plus tard, et malgré les efforts et les protestations des populations touchées, le gouvernement indien et la firme américaine Union Carbide s’accordèrent sur un règlement « à l’amiable », versant aux victimes une indemnisation dérisoire de 470 millions de dollars en échange de l’abandon des poursuites pénales, soit à peine 500 dollars par victime. Depuis lors, l’usine fut rachetée par le groupe Dow Chemical, ce dernier se défendant d’une quelconque responsabilité au regard des évènements passés.

Pourtant, la catastrophe est loin d’être terminée, le nombre de victimes continuant à croître. Ainsi, plus de 25 ans après ce drame, le site est laissé à l’abandon et poursuit sa contamination alentour. D’après Amnistie Internationale, des dizaines de milliers de personnes n’ont d’autre choix que boire régulièrement l’eau empoisonnée des nappes phréatiques. En outre, plus de 100 000 personnes souffrent encore de maladies incurables et chroniques, dont des problèmes respiratoires, des dysfonctionnements du système neurologique ou des cancers, en l’absence de soins médicaux.

Quasi inespéré, un jugement a finalement été rendu le 7 juin dernier. En effet, un tribunal indien a déclaré coupables de négligence huit anciens salariés de l’usine de pesticides à l’origine de la catastrophe. Mais cette maigre victoire fut de courte durée, laissant derrière elle un arrière-goût amer. Les reconnus coupables ont, en effet, été condamnés à une peine de deux ans d’emprisonnement, une punition pour le moins négligeable face aux préjudices passés, présents et futurs à prendre en compte.

Pour Karima Delli, eurodéputée Europe Ecologie et membre de la délégation Inde au Parlement européen : « Il est scandaleux d’avoir attendu 25 ans pour un verdict aussi ridicule. (…) Quant aux véritables responsables, Warren Anderson en tête, ils continuent de bénéficier de l’impunité ». Elle ajoute : « L’Union Européenne doit au contraire faire pression sur les autorités indiennes, à l’heure où elles négocient ensemble un accord de libre-échange, afin de réclamer de véritables sanctions à l’égard de tous les responsables et une décontamination totale du site. Il ne faut pas attendre une troisième génération de condamnés ».

Partageant la même position, Michèle Rivasi, eurodéputée Europe Ecologie et membre de la Commission Santé et Environnement, explique : « La catastrophe industrielle de Bhopal est révélatrice du climat délétère qui a accompagné le développement du commerce international au cours des trente dernières années. En effet, les pays riches n’ont pas hésité à délocaliser leurs industries les plus polluantes pour bénéficier – dans les pays d’accueil- de réglementations plus souples concernant les normes de pollution. Mais cet état de fait ne doit en aucun cas aboutir au délaissement des victimes silencieuses, ainsi les nappes phréatiques restent contaminées et cet empoisonnement a des conséquences inter-générationnelles effroyables ! En plus d’être cancérigène et d’affecter le système nerveux, il traverse la paroi du placenta chez les femmes enceintes, affectant directement les fœtus entraînant malformations et décès des nouveaux nés ».

Une chose est sûre, tous s’entendent à dire que l’urgence, à l’heure actuelle, réside dans la décontamination totale du site afin que cette catastrophe puisse avoir une chance de prendre fin.

Cécile Cassier
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Les emballages plastique de retour chez Tropicana

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Le 16 juin dernier, les pays du G20 ont conclu, après deux jours de réunion au Japon, un accord sur la réduction des déchets plastique. Rien de contraignant pour l’instant, mais un premier pas vers une réglementation future plus stricte qui empêchera notre planète d’étouffer sous la pollution plastique. Faut-il le rappeler, sur les quasi 500 millions de tonnes de plastique produites chaque année, huit millions sont déversées chaque année dans les océans, et environ un tiers finit dans la nature. Une ballade en forêt ou un regard attentif posé sur les abords des autoroutes françaises achèveront de vous convaincre de la réalité et de l’urgence de cette situation.

Au moment-même où tous ces pays annonçaient un accord, une entreprise prenait la direction opposée, puisque Tropicana annonçait fièrement renoncer aux briques en carton pour ses jus de fruits, pour les remplacer par des bouteilles en plastique. Evidemment, la réaction des consommateurs ne s’est pas faite attendre bien longtemps : de nombreux appels au boycott de la marque ont vu le jour, et la marque, propriété de la multinationale PepsiCo, se fait étriller sur les réseaux sociaux.

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Mais qu’est-il passé dans la tête des décideurs de Tropicana pour prendre une telle décision en 2019 et en faire la publicité comme s’il s’agissait d’annoncer la mise en rayons de nouvelles recettes de jus de fruits ? A priori, « les consommateurs veulent de la transparence. Ils veulent voir le produit et la couleur est un critère important de choix et d’attractivité », d’après un cadre de PepsiCo. Sauf qu’on l’a vu, les consommateurs s’expriment en masse contre les nouvelles bouteilles en plastique.

Au moins la marque aurait-elle pu avancer la relative complexité à recycler les emballages en carton alimentaire : composés aux 3/4 de carton, à 5% d’aluminium et à 20% de polyéthylène (pour assurer l’étanchéité des packagings), ils nécessitent un procédé de recyclage aussi efficace que complexe. Le recyclage du plastique PET dont sont faites les bouteilles étant, lui, bien plus répandu. Malgré cela pourtant, quand 26% des briques alimentaires sont recyclées à l’échelle de la planète, 9% du plastique seulement connaît le même sort.

Ultime scandale : l’ONG FoodWatch a observé les nouveaux packagings et a constaté non seulement une baisse de la contenance (désormais 900 mL contre 1L auparavant), mais aussi une hausse de 38% du prix du produit ! Les innombrables réactions au choix de Tropicana n’ont pour l’instant provoqué aucune réponse de la marque, qui devrait donc logiquement poursuivre son objectif de convertir, d’ici à quelques mois, ses emballages carton en bouteilles plastique.

A moins qu’une mobilisation d’envergure…

Photo : MartinBrigden/Flickr/CC

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Le taux de CO2 intègre la météo britannique

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Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.

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Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :

« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »

En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.

Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?

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C’est la semaine des alternatives aux pesticides

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A chaque jour sa journée mondiale de quelque chose, et à chaque semaine, sa semaine de quelque chose. Le 13 janvier par exemple, nous célébrons la journée sans pantalon. Le 6 mai prochain, c’est le coloriage qui sera à l’honneur. Parfois, l’environnement peut être mis en avant. Ainsi, lundi 18 mars dernier, c’était la journée mondiale du recyclage. Et mercredi 20, la journée internationale sans viande. Hier marquait aussi le lancement de la semaine pour les alternatives aux pesticides, qui a cette année la biodiversité pour thème.

Et c’est peu dire qu’en France, cette semaine est plus que nécessaire. Car selon les chiffres officiels, notre pays consommerait pour son usage agricole plus de 72 000 tonnes de produits phytosanitaires par an, soit 3,7 kilos par hectare cultivé, ce qui nous place au deuxième rang européen. Champagne ? Pas vraiment non, car ces usages massifs d’engrais et de pesticides ont des conséquences dramatiques. Non seulement ils pénètrent les sols et empoisonnent les nappes phréatiques, mais ils contribuent largement à l’éradication de nombreuses espèces végétales et animales, au premier rang desquelles les abeilles.

Pourtant, des alternatives à ces produits issus de la chimie agricole existent. Certaines espèces végétales peuvent vivre en symbiose : planter de l’arachide et du maïs sur une même parcelle éloignera par exemple les parasites de la céréale ; un lâcher de coccinelles viendra efficacement à bout d’une invasion de pucerons dont elles raffolent, etc…

pesticides warning

La fin de la dépendance à ces substances qui rendent richissimes les actionnaires de Bayer-Monsanto s’annonce cependant : la demande en produits bio ne cesse de croître en France, notre pays a enregistré en 2018 un record de conversions d’agriculteurs du conventionnel en biologique, et d’ici 2022 les surfaces agricoles traitées en bio devraient avoir doublées dans l’Hexagone.

D’ici là, et jusqu’au 30 mars (oui, nous sommes au courant, cette « semaine » dure 10 jours), vous pouvez toujours vous renseigner près de chez vous sur les multiples alternatives qu’il existe dès aujourd’hui aux pesticides : des centaines d’événements (de la balade à la conférence, en passant par des expositions ou des projections de films) sont déjà répertoriés partout sur le territoire, vous en trouverez forcément un près de chez vous en suivant ce lien

Photo : CGPGrey/Flickr/CC

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