Climat
LArctique fond et ses habitants paient laddition
LArctique est en train de connaître de profonds bouleversements climatiques. En 2004 déjà, létude Arctic Climate Impact Assessment indiquait que la région avait connu le réchauffement le plus important de ces dernières décennies à léchelle mondiale, avec des températures moyennes annuelles de 2 à 3 degrés C° plus élevées que dans les années cinquante.
Ce réchauffement a bien entendu profondément modifié létat des glaces de la région. La glace marine de la fin de lété arctique sest amincie de 40 % par endroits, lépaisseur de la banquise, qui était de 4,88 m en moyenne dans les années 1980, n’est plus que de 2,75 m. De plus, en septembre dernier on a enregistré la plus faible étendue de glace arctique jamais observée par satellite, avec seulement 3.3 millions de km2 de banquise, soit une baisse denviron 20 % par rapport à la moyenne basse de septembre pour la période 1978-2001. Une superficie de 800,000 km2, soit 1,5 fois la France, a ainsi été perdue.
De tels changements ne vont pas sans de graves perturbations pour les communautés de lArctique, concernant notamment la chasse. Pour les quelque 155 000 Inuits vivant dans la région, la chasse est, au-delà dun moyen de subsistance, un véritable lien social, culturel et économique. La transformation forcée de ces sociétés traditionnelles basées sur la subsistance en sociétés économiques basées sur le salariat est une véritable catastrophe. Dans les villes dArctic Bay et Igloolik, le chômage dépasse les 20 %, lalcoolisme est un problème grave et le taux de suicide est un des plus élevés au monde. De plus, la chasse étant en diminution, le passage de la nourriture traditionnelle à des aliments commerciaux a entraîné une augmentation des taux dobésité et de diabète, notamment parmi les jeunes générations.
La faune ne se porte guère mieux. Il nest pas rare maintenant de voir des ours blancs faméliques roder près des villages en quête de nourriture. Le réchauffement est en train de tuer à petit feu le plus grand carnivore terrestre, dont il ne reste que 22 000 spécimens. La banquise est capitale pour les ours polaires car c’est depuis cette plate-forme gelée qu’ils chassent les phoques, leurs proies principales. Avec la diminution de cette dernière, les ours chassent moins et meurent de faim. De plus, les femelles se montrent plus sensibles à cette disette qui provoque une altération de leur processus de lactation, résultat on assiste à un accroissement de la mortalité chez les oursons. On pourrait également parler des colonies de goélands décimées, des caribous malades, de l’apparition d’insectes et de plantes inconnus sous ces latitudes, des morues de l’Atlantique migrant encore plus au nord à la recherche d’eaux froides, …
Selon des scientifiques, ayant procédé pendant cinq ans à une évaluation de la couche dozone de la Terre, la dégradation de lozone au-dessus du Pôle Nord a atteint des sommets, ce printemps, avec la perte de près de la moitié de lozone à 18 kilomètres au-dessus du pôle et la destruction de 30 % de la couverture totale de lArctique. Il semblerait que laccumulation dans latmosphère des gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement planétaire, pourrait paradoxalement entraîner le refroidissement de la haute atmosphère, et contribuer ainsi à lamplification de la perte en ozone. Les scientifiques prévoient quun « trou » dans lozone, similaire à celui qui est apparu au-dessus du Pôle Sud pourrait apparaître au-dessus de lArctique dici deux décennies.
De plus, une autre interaction humaine a été mise en avant pour expliquer cette situation en Arctique. Le Journal of Geophysical Research a trouvé une corrélation entre la fonte des glaciers de l’Arctique et les quantités de ‘suie’ produites par l’homme au cours du XXe siècle. En effet, les particules de suie, lorsqu’elles se déposent sur la glace, favorisent l’absorption de lumière, accélérant le dégel et leur présence dans le ciel nordique altère la météorologie en réchauffant l’air. Un tiers de cette suie proviendrait des émissions carbonées en Asie du Sud-Est, un autre tiers des feux de forêt et autres combustions dans la nature et le reste des fumées industrielles et de la pollution automobile occidentale.
ACTUALITE
Le drapeau du réchauffement climatique
A chaque vague de froid hivernal, les climatosceptiques sont de sortie : le pare-brise de leur voiture est recouvert de givre, ce qui serait donc la preuve irréfutable que le réchauffement climatique est une invention destinée à servir les intérêts d’on ne sait quelle organisation mondiale secrète. Bref, « on » nous ment.
Evidemment, ces personnes font en réalité une confusion entre la météo et le climat. La météo s’apprécie à un instant t, dans un endroit donné. Il y a tout juste un mois par exemple, la Corse connaissait un épisode neigeux surprenant. Un phénomène étonnant, certes, mais qui ne traduit pas pour autant un refroidissement de la planète. Ici, nous parlons de météo. En revanche, lorsque durant tout le XXe siècle, les relevés de température partout sur la planète augmentent de 0,6°C, on peut parler d’une tendance au réchauffement climatique global, malgré des épisodes ponctuels météorologiques comme celui vécu par les Corses il y a quelques semaines.
Comment illustrer ce phénomène simplement, le plus simplement possible, pour pouvoir facilement l’expliquer aux plus sceptiques d’entre nous ? Ed Hawkins, climatologue et professeur de science du climat à l’Université de Reading au Royaume-Uni, a imaginé une méthode de modélisation ludique du changement global : la création, pour chaque pays, d’un drapeau de son réchauffement.
Le réchauffement mondial illustré
Le chercheur s’est appuyé sur une base de données mondiale qui compile tous les relevés de température effectués partout sur la Terre depuis 1901. Lors du XXe siècle, il a calculé la moyenne des températures pour chaque région du globe puis, pour chaque année (et en fonction de la moyenne précédemment établie), il a attribué une couleur : du bleu très clair (conforme à la moyenne du XXe siècle) au rouge très foncé (qui traduit une hausse marquée par rapport à cette même moyenne). Chaque année est alors représentée par une bande, bandes qui sont accolées les unes aux autres pour créer le « drapeau du réchauffement » de chaque zone du globe, qui sont tous consultables sur https://showyourstripes.info/
Le drapeau du réchauffement en France
Le résultat est accablant. Quel que soit le pays ou la région du monde que l’on sélectionne, le résultat est similaire : bleuté à gauche et rouge vif à droite, traduisant une sévère agitation de tous les thermomètres du monde, et prouvant par-là même le réchauffement climatique.
Plus simple, c’est impossible : Donald T., si tu nous lis…
ACTUALITE
Le taux de CO2 intègre la météo britannique
Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.
Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :
« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »
En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.
Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?
ACTUALITE
Game of Thrones : Réchauffement climatique is coming
Cette nuit, Game of Thrones, la série phénomène, a repris après deux ans d’absence pour présenter son ultime saison. Sept épisodes que plus d’un milliard de personnes (si l’on en croit les chiffres qui concernent les visionnaires illégaux sur internet à chaque épisode) vont s’empresser de dévorer et de commenter pour enfin obtenir une réponse à cette question qui les taraude depuis 2011 et la diffusion du premier épisode de la série : Qui finira donc par prendre place sur le Trône de fer pour gouverner les Sept royaumes ?
Sans attendre la diffusion, des dizaines de théories ont été développées par des fans plus ou moins sérieux et, parmi celles-ci, une semble avoir retenu l’attention du Gouvernement. Cette théorie voudrait que la série soit en fait une métaphore de notre réalité et de notre attitude vis à vis des dangers environnementaux qui pèsent sur nous, au premier rang desquels le réchauffement climatique. « Winter is coming » (ou « l’Hiver arrive »), la plus célèbre réplique de la série, qui annonce l’arrivée imminente d’une intense période glaciaire accompagnée d’innombrables malheurs pour nos personnages préférés, préviendrait en fait contre le réchauffement climatique. Et la lutte de pouvoir des maisons Stark, Targaryen, Lannister pour accéder au mythique Trône de fer plutôt que de se préoccuper de la menace approchant, les Marcheurs Blancs, serait une parabole de la propension de nos dirigeants à ne pas voir plus loin que le bout de leur nez et à favoriser des intérêts particuliers paraissant bien ridicules face aux enjeux globaux qui s’annoncent.
Brune Poirson, ministre de la Transition écologique et solidaire, et ses équipes semblent avoir bien intégré cette théorie, au point que la ministre propose depuis hier, veille de reprise de la série, et alors que l’excitation médiatique est au summum, une vidéo inspirée de Game of Thrones, et mettant en garde contre le réchauffement climatique. Sur des images de la série, la responsable politique pose sa voix : « Une grande menace pèse sur l’humanité. Certains en doutent, on peut le regretter. Même si les hivers peuvent paraître un peu plus rigoureux, un peu plus froids à certains endroits, il y en a d’autres où ce n’est pas le cas. Nous devons nous battre, nous battre pour endiguer cette menace qui monte et nous unir tous pour lutter contre le vrai mal, le seul qui doit unir l’humanité : le réchauffement climatique ». Et en guise de conclusion, l’accroche « Le réchauffement climatique is coming », écrit dans la police propre au show américain.
Succès garanti sur les réseaux sociaux. Et dans les comportements quotidiens futurs ?
Photo : Compte Twitter de Brune Poirson