Climat
500 experts du GIEC se penchent sur le climat de la planète à Paris
Après six années de travail, auxquelles ont participé plus de 2 500 scientifiques internationaux, les conclusions du quatrième Rapport du GIEC (1) seront rendues publiques lors des trois rendez-vous fixés en 2007. Avec près de 500 experts, qui constituent le Groupe de travail I, le premier temps a débuté ce matin, à Paris, et se clôturera le 1er février prochain.
Au menu des débats, lévaluation de lévolution du climat observée et prévue, ainsi que le rôle de lhomme dans celle-ci. En fin de réunion, la publication du résumé ‘Bilan 2007 des changements climatiques : les bases scientifiques physiques’ constituera la première partie du rapport 2007 du GIEC, et devrait apporter une fiabilité accrue des différents scénarios de climat à venir. Toutefois, pour le GIEC, il est dores et déjà certain que :
– la concentration de CO2 (dioxyde de carbone) dans latmosphère est à son plus haut niveau depuis plus de 400 000 ans ;
– ces concentrations évoluent depuis deux siècles à une vitesse jamais enregistrée depuis 20 000 ans ;
– cette augmentation du CO2 dans latmosphère va entraîner un changement climatique, avec pour conséquence une élévation de la température moyenne à la surface de la terre ;
– une fois ces concentrations de C02 stabilisées dans latmosphère, la stabilisation des températures prendra plusieurs siècles.
Après cette réunion, le Groupe de travail II (conséquences des changements climatiques, analyse de la vulnérabilité des systèmes socio-économiques et adaptation) se réunira à Bruxelles, du 2 au 5 avril. Le Groupe de travail III (examen des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre) se retrouvera pour sa part à Bangkok, du 30 avril au 3 mai. Une synthèse de lensemble sera ensuite faite dans le cadre dune réunion plénière, à Valence en Espagne, du 12 au 16 novembre 2007.
Cest en 1995 que le deuxième Rapport du GIEC a constitué un faisceau de présomptions suffisamment étayé pour faire apparaître la responsabilité humaine dans le changement climatique, soulignant ainsi la nécessité dune action préventive en vertu du principe de précaution. Le troisième Rapport, paru en 2001, a confirmé le rôle de lhomme dans le réchauffement constaté au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Il prévoit notamment une aggravation du phénomène conduisant à un réchauffement moyen global compris entre 1,4 et 5,8 °C, entre 1990 et 2100, en fonction notamment des politiques mises en uvre durant cette période.
1- C’est en 1988 que lOrganisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour lenvironnement (PNUE) ont créé le GIEC (Groupe dexperts intergouvernemental sur lévolution du climat) pour une évaluation impartiale des informations internationales scientifiques, techniques et socio-économiques sur lévolution du climat. Ce groupe publie un rapport complet tous les 6 ans, qui tient lieu de référence pour les scientifiques et les décideurs du monde entier, approuvé jusquà présent à lunanimité par les 192 pays représentés dans lassemblée du GIEC, des Maldives aux Etats-Unis, en passant par le Bangladesh et lArabie saoudite.
ACTUALITE
Le drapeau du réchauffement climatique
A chaque vague de froid hivernal, les climatosceptiques sont de sortie : le pare-brise de leur voiture est recouvert de givre, ce qui serait donc la preuve irréfutable que le réchauffement climatique est une invention destinée à servir les intérêts d’on ne sait quelle organisation mondiale secrète. Bref, « on » nous ment.
Evidemment, ces personnes font en réalité une confusion entre la météo et le climat. La météo s’apprécie à un instant t, dans un endroit donné. Il y a tout juste un mois par exemple, la Corse connaissait un épisode neigeux surprenant. Un phénomène étonnant, certes, mais qui ne traduit pas pour autant un refroidissement de la planète. Ici, nous parlons de météo. En revanche, lorsque durant tout le XXe siècle, les relevés de température partout sur la planète augmentent de 0,6°C, on peut parler d’une tendance au réchauffement climatique global, malgré des épisodes ponctuels météorologiques comme celui vécu par les Corses il y a quelques semaines.
Comment illustrer ce phénomène simplement, le plus simplement possible, pour pouvoir facilement l’expliquer aux plus sceptiques d’entre nous ? Ed Hawkins, climatologue et professeur de science du climat à l’Université de Reading au Royaume-Uni, a imaginé une méthode de modélisation ludique du changement global : la création, pour chaque pays, d’un drapeau de son réchauffement.
Le réchauffement mondial illustré
Le chercheur s’est appuyé sur une base de données mondiale qui compile tous les relevés de température effectués partout sur la Terre depuis 1901. Lors du XXe siècle, il a calculé la moyenne des températures pour chaque région du globe puis, pour chaque année (et en fonction de la moyenne précédemment établie), il a attribué une couleur : du bleu très clair (conforme à la moyenne du XXe siècle) au rouge très foncé (qui traduit une hausse marquée par rapport à cette même moyenne). Chaque année est alors représentée par une bande, bandes qui sont accolées les unes aux autres pour créer le « drapeau du réchauffement » de chaque zone du globe, qui sont tous consultables sur https://showyourstripes.info/
Le drapeau du réchauffement en France
Le résultat est accablant. Quel que soit le pays ou la région du monde que l’on sélectionne, le résultat est similaire : bleuté à gauche et rouge vif à droite, traduisant une sévère agitation de tous les thermomètres du monde, et prouvant par-là même le réchauffement climatique.
Plus simple, c’est impossible : Donald T., si tu nous lis…
ACTUALITE
Le taux de CO2 intègre la météo britannique
Cela n’a l’air de rien, quelques centimètres carré de rien du tout dans un journal qui compte des dizaines de pages, mais cela s’apparente pourtant à une révolution : depuis une dizaine de jours, le Guardian, l’un des quotidiens britanniques les plus réputés, propose à ses lecteurs la concentration en CO2 dans notre atmosphère au sein de son encart « météo ». Mais pas la concentration du Grand Londres non, la concentration mondiale telle qu’elle est mesurée quotidiennement à Hawaii, à l’observatoire de Mauna Loa. Là-bas, au coeur du Pacifique, le taux de CO2 y est mesuré depuis 1958. A l’époque, il s’établissait à 315 parties par million (ppm), encore loin du seuil considéré comme « gérable à long terme » de 350 ppm.
Seulement voilà, depuis, l’activité humaine n’a cessé de croître, de même que notre recours aux énergies fossiles, avec un résultat largement prévisible : le taux de CO2 atmosphérique est désormais de 412 ppm, largement au-dessus des 350 ppm « gérables », supérieur à 2013 (400 ppm), et à mille lieues des 280 ppm estimées à l’ère pré-industrielle. Dans des paroles rapportées par Le Monde, la rédactrice en chef du Guardian justifie ce choix éditorial inédit :
« Les niveaux de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont augmenté de façon si spectaculaire. Inclure une mesure de cette augmentation dans notre bulletin météorologique quotidien montre ce que l’activité humaine fait à notre climat. Il faut rappeler aux gens que la crise climatique n’est plus un problème d’avenir. Nous devons nous y attaquer maintenant, et chaque jour compte. »
En présentant chaque jour à ses millions de lecteurs une donnée scientifique incontestablement liée au changement climatique, The Gardian entend ne pas perdre de vue l’ambitieux objectif mondial de réduction de moitié des émissions de CO2 d’ici 2030, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ne soyons pas pessimistes bien sûr, mais il faut bien reconnaître que cela semble bien mal parti.
Au fait, à quand un journal français qui reprendrait la démarche du Guardian ?
ACTUALITE
Game of Thrones : Réchauffement climatique is coming
Cette nuit, Game of Thrones, la série phénomène, a repris après deux ans d’absence pour présenter son ultime saison. Sept épisodes que plus d’un milliard de personnes (si l’on en croit les chiffres qui concernent les visionnaires illégaux sur internet à chaque épisode) vont s’empresser de dévorer et de commenter pour enfin obtenir une réponse à cette question qui les taraude depuis 2011 et la diffusion du premier épisode de la série : Qui finira donc par prendre place sur le Trône de fer pour gouverner les Sept royaumes ?
Sans attendre la diffusion, des dizaines de théories ont été développées par des fans plus ou moins sérieux et, parmi celles-ci, une semble avoir retenu l’attention du Gouvernement. Cette théorie voudrait que la série soit en fait une métaphore de notre réalité et de notre attitude vis à vis des dangers environnementaux qui pèsent sur nous, au premier rang desquels le réchauffement climatique. « Winter is coming » (ou « l’Hiver arrive »), la plus célèbre réplique de la série, qui annonce l’arrivée imminente d’une intense période glaciaire accompagnée d’innombrables malheurs pour nos personnages préférés, préviendrait en fait contre le réchauffement climatique. Et la lutte de pouvoir des maisons Stark, Targaryen, Lannister pour accéder au mythique Trône de fer plutôt que de se préoccuper de la menace approchant, les Marcheurs Blancs, serait une parabole de la propension de nos dirigeants à ne pas voir plus loin que le bout de leur nez et à favoriser des intérêts particuliers paraissant bien ridicules face aux enjeux globaux qui s’annoncent.
Brune Poirson, ministre de la Transition écologique et solidaire, et ses équipes semblent avoir bien intégré cette théorie, au point que la ministre propose depuis hier, veille de reprise de la série, et alors que l’excitation médiatique est au summum, une vidéo inspirée de Game of Thrones, et mettant en garde contre le réchauffement climatique. Sur des images de la série, la responsable politique pose sa voix : « Une grande menace pèse sur l’humanité. Certains en doutent, on peut le regretter. Même si les hivers peuvent paraître un peu plus rigoureux, un peu plus froids à certains endroits, il y en a d’autres où ce n’est pas le cas. Nous devons nous battre, nous battre pour endiguer cette menace qui monte et nous unir tous pour lutter contre le vrai mal, le seul qui doit unir l’humanité : le réchauffement climatique ». Et en guise de conclusion, l’accroche « Le réchauffement climatique is coming », écrit dans la police propre au show américain.
Succès garanti sur les réseaux sociaux. Et dans les comportements quotidiens futurs ?
Photo : Compte Twitter de Brune Poirson